Le sexisme ordinaire, comment y faire face ?

Qu’est-ce que le sexisme et comment y répondre ?

C’est le compte Instagram Punchlinettes avec plus de 125.000 « supporter » et sa créatrice que je vous présente aujourd’hui afin de reconnaître une situation de discrimination sexiste et de savoir y répondre avec beaucoup d’humour pour prendre sa revanche sur le sexisme ordinaire !

Le sexisme c’est l’ensemble des stéréotypes, des représentations collectives et des discriminations qui excluent, marginalisent et infériorisent les femmes en raison de leur genre. C’est une impression qui est appuyée par un rapport de pouvoir et sur l’histoire des inégalités.

Faisons connaissance de Marion Escot créatrice (mère comme elle aime à dire) du compte Instagram Punchlinettes :

Je m’appelle Marion, j’ai 28 ans, suis originaire de Toulouse et vis actuellement à Paris. La semaine, de 9h à 18h je suis cheffe de projet digital. J’ai piloté des projets digitaux pour différentes entités privées et associatives. Le reste du temps, quand je ne suis pas à la librairie pour dénicher le dernier livre sur les stéréotypes de genres ou à une conférence sur le féminisme, je parcours le monde à la rencontre d’autrui et je rempli ma galerie Instagram. J’ai beaucoup voyagé ces dernières année. J’ai vécu aux États-Unis, en Espagne et en Australie. J’ai visité la Turquie, le Vietnam, le Maroc et pleins d’autres encore. Un peu difficile ces derniers temps de tenir ce rythme. Même si ce n’est pas l’envie qui manque. C’est ce qui m’anime. Ce qui me fait vibrer. Alors en attendant, je voyage en peinture, en posant mes envies d’évasion sur le papier. La créativité fait partie de moi. Et j’aime pouvoir la mettre au bénéfice de mes convictions qui sont diverses !

Quel est le contenu et le concept du compte Instagram Punchlinettes dont tu es la créatrice ?

L’objectif numéro un de Punchlinettes est avant tout de sensibiliser au sexisme ordinaire car pour savoir y répondre, y faut pouvoir relever une remarque lorsqu’elle s’avère sexiste.

Le projet s’engage donc à proposer des idées de réparties aux remarques issues du sexisme ordinaire, pour en finir avec les bafouillages silencieux et la frustration du « j’aurai dû dire ça ! ». Punchlinettes encourage les femmes et les hommes à riposter et à prendre leurs revanches avec humour et sarcasme sur les discours toxiques de tous les jours.

C’est donc l’histoire de ces petites punchlines qui sont aussi drôle que douloureuses, qui marquent les esprits et qu’on peut sauvegarder sur son téléphone d’un coup de capture d’écran pour s’en servir plus tard. C’est un outil pratique, pédagogique, ludique et collaboratif, un répertoire visuel qui invite une communauté toute entière à participer et à proposer des idées.

Quelle est la raison pour laquelle tu as créé Punchlinettes ?

J’en ai eu ras le bol de voir les femmes, pointées du doigt juste parce que c’était des femmes, en les ramenant constamment à des clichés négatifs liés à leur sexe ou à leur genre. Le sexisme ordinaire nous suit partout : à l’école, en famille, au travail, entre amis… et il se cache dans de nombreuses situations quotidiennes en apparence banales.

Sur les réseaux sociaux, je suivais de nombreux média et comptes engagés sur le féminisme. Pourtant, si de nombreux comptes mettaient en lumière les témoignages sur le harcèlement de rue et le sexisme pour le dénoncer, aucun d’entre eux ne proposait d’éléments de réponse facile à contextualiser, à mémoriser et à réutiliser et puis, l’idée Punchlinettes est arrivé en avril 2019.

L’idée s’est un peu imposé comme une évidence. A cette période, j’intervenais dans les collèges et les lycées d’île de France pour sensibiliser aux enjeux de l’égalité entre les femmes et les hommes. J’avais envie de leur proposer un outil visuel, pédagogique, fun pour continuer le travail en dehors de la salle de classe. C’est comme cela que le projet a commencé. Et puis il y a eu un engouement que moi même je n’avais pas anticipé. Le projet a plu a la communauté Instagram qui s’est directement prêtée au jeu.

Que penses-tu de la place que prends le sexisme dans l’industrie de la beauté ? Est-ce que les femmes sont davantage touchée ?

Quelque chose que j’ai appris au fur et à mesure du projet, c’est que le sexisme ordinaire est partout, mais surtout très souvent sur le corps des femmes. En fait, on ne s’en rend même plus compte puisque c’est tellement ancré dans nos mentalités, mais les injonctions sont partout : le culte de la minceur, le culte de la beauté, les injonctions au maquillage, l’hyper-sexualisation… Nos corps sont tellement politisés qu’on ne se rend même plus compte qu’on agit parfois non pas comme on le souhaiterait, mais en fonction de ce que la société attend de nous, car dans notre société patriarcale, les femmes ont le devoir d’être belles et désirables pour être bien perçues. Une femme qui ne rentre pas dans les idéaux de beauté sera souvent pointée du doigt. Et on attend non seulement des femmes qu’elles soient belles, mais aussi naturelles, sans « excès » de maquillage. Le terme est tout relatif, car le naturel du poil, de la cellulite, des vergetures, des cheveux trop plats ou trop frisés n’est lui non plus pas accepté. En fait on attend de nous d’être tout et son contraire en même temps.

J’ai moi même commencé ma carrière dans l’industrie des cosmétiques, et on me reproche souvent cette ambivalence.

« Tu es féministe mais tu travailles pour ceux qui font les injonctions ! »

Oui. Et non aussi. Parce que c’est aussi bien d’avoir un pied en plein milieu de cet univers tout en essayant de faire bouger les choses tant du côté des marques, que des consommateurs. Comme beaucoup de choses, le maquillage peut être tout aussi bien un instrument de soumission que d’empowerment vis-à-vis de la société patriarcale. Affirmer que le maquillage est obligatoire, ou mauvais serait tomber en plein dans un des collets du patriarcat qui divise les femmes en illusoires catégories pures/impures, respectables/peu respectables, pour mieux les discipliner. Comme toujours, il est bon de prendre du recul… et de laisser le choix car l’important est avant tout de se sentir bien dans son corps… et ses baskets !

As-tu des exemples de remarques sexistes qu’une femme peut entendre sur son physique ?

  • Il faut souffrir pour être belle.
  •  Tu as des boutons, tu ne prends pas soin de toi pour une fille.
  • On voit tes poils, c’est pas joli !
  • Les femmes portent du maquillage juste pour plaire les hommes.
  • Une femme ne peut pas être féminine avec les cheveux courts.
  • Si j’avais ta cellulite je ne sortirai pas en jupe.
  • Une fille qui met du rouge à lèvres rouge est une chaudasse. 

Liste non exhaustive malheureusement !

Merci Marion pour ton témoignage et cette superbe initiative avec le compte PUNCHLINETTES qui nous permet de savoir répondre à beaucoup de remarques sexistes. 

J’ai demandé à Marion de me créer une « Punchline » d’un comportement sexiste vu à la télé ces derniers jours concernant la situation actuelles d’une esthéticienne à son compte. En effet, Mr Pascal Praud (journaliste sur CNEWS) et ses « amis » sur le plateau télé ont présenté le reportage d’une esthéticienne qui a été dans l’obligation de travailler dans le milieu agricole durant deux mois afin de subvenir à ses besoins financiers, dont les charges de son institut qui a été contraint de fermé à cause des mesures sanitaires de la crise Covid. Ces derniers ont « pouffé » de rire quant aux capacités d’une esthéticienne à travailler dans le milieu agricole. Des réactions humiliantes pour cette Esthéticienne, pour les esthéticiennes, pour toutes les femmes.

NO COMMENT PUNCHLINETTES S’EN CHARGE !